Le contexte

La mer Méditerranée est une mer presque entièrement fermée bordée par les côtes de 23 pays d’Europe du Sud, d’Afrique du Nord et d’Asie. Depuis le détroit de Gibraltar à l’Ouest, ouverture large de 14 km sur l’Océan Atlantique, jusqu’aux entrées des Dardanelles (ouverture de 1.2 à 6 km sur la mer Noire) et du canal de Suez (ouverture large de 365 m sur la mer Rouge), la Méditerranée s’étend sur plus de 2.5 millions de kilomètres carrés.

A cause de sa situation géographique très fermée, de l’intensité du transport maritime, de la pêche et des activités industrielles et touristiques qu’elle rassemble, la mer Méditerranée est particulièrement sensible à la pollution plastique. Directement jetés à la mer ou drainés par les eaux des fleuves, les déchets plastiques s’accumulent et se fragmentent en morceaux qui ne peuvent plus être récupérés. La mer Méditerranée contient ainsi entre 1 et 10 millions de particules de plastiques au kilomètre carré soit entre 5 et 10% de la masse de plastique mondiale [4]. Sixième plus grande zone d’accumulation mondiale après les 5 gyres océaniques*, elle est considérée comme la mer la plus polluée du monde [8]. Note de bas de page – .

La législation

Pour lutter contre le fléau du plastique, certains pays du pourtour méditerranéen ont déjà mis en place des règlementations. Par exemple, les sacs plastiques à usage unique ont été interdits en France, en Italie, au Maroc et en Tunisie, ils sont devenus payants à Chypre et en Turquie, et ils sont maintenant surtaxés à Malte et en Grèce [9].

En 2018, la Commission Européenne a adopté la première stratégie européenne sur les matières plastiques, qui s’inscrit dans le cadre de la transition vers une économie circulaire**. Les objectifs de cette stratégie sont notamment : la réduction de la consommation de plastique à usage unique, l’augmentation du recyclage et la limitation de l’utilisation intentionnelle de micro plastiques. En outre, cette stratégie encourage les membres de l’Union Européenne à atteindre un taux de recyclage des déchets domestiques de 55% d’ici 2025 et de 65% d’ici 2030. Les Etats membres devront également être capables de recycler tous les emballages plastiques d’ici à 2030.

Cependant, malgré l’existence de plans d’action régionaux, de mesures juridiquement contraignantes, et une volonté commune des pays riverains de lutter contre la pollution plastique, sa réduction est rendue difficile par l’hétérogénéité des situations démographiques, économiques et géopolitiques des pays littoraux.


* Les cinq gyres océaniques se trouvent au centre de l’Atlantique Nord, de l’Atlantique Sud, de l’Océan Indien, du Pacifique Sud et du Pacifique Nord. Ce sont de gigantesques tourbillons d’eau qui résultent de la convergence des courants marins. Sous l’action d’une force centripète importante, elles accumulent les déchets en leur centre

**L’économie circulaire désigne un modèle économique dont l’objectif est de produire des biens de manière durable, en se basant sur la réutilisation des produits usagés. La matière première n’est ainsi extraite qu’une fois, elle est ensuite transformée en un produit qui est consommé puis réutilisé ou recyclé. Elle fait opposition à l’économie linéaire qui a pour modèle : extraire, transformer, consommer, jeter.