Partie 2 : Prioriser les plastiques à usage unique à traiter

Temps :

A mobiliser : personne référente du projet, des personnes de chaque département et l’équipe de direction pour le 2.3.

Avec des objectifs clairs, un diagnostic exhaustif et une bonne compréhension du système local de gestion des déchets, vous avez tout ce qu’il faut pour aborder cette deuxième étape. Parce que le diagnostic est exhaustif et vous donne une vision complète de votre utilisation des plastiques, il est possible que vous ayez le sentiment que la tâche est énorme. Pourquoi ne pas séquencer la démarche dans le temps pour mesurer les moyens et les efforts ? C’est ce que nous préconisons, avec une méthodologie clé en main qui permet de sélectionner les plastiques à traiter en priorité, parce qu’ils sont faciles à éliminer et/ou qu’ils ont un impact environnemental élevé.

2.1 Appréhender la priorisation en un clin d’œil

La méthode proposée permet de prendre en compte le contexte du porteur de projet, d’optimiser le ratio coût-efficacité, notamment au niveau de la réduction des impacts environnementaux.
Elle permet de créer 2 listes :

1 – Une « liste de Plastiques à Usage Unique (PUU) à traiter », sur lesquels vous focaliserez votre attention ;
2 – Une « liste de PUU à écarter » pour lesquels vous ne poursuivrez pas le travail (ou pas tout de suite !).

2.2 Mener chaque étape

1 – Intégrer les PUU pour lesquels une action est obligatoire, car certains plastiques sont soumis à une interdiction réglementaire ou à venir.

2 – Éliminer les PUU pour lesquels aucune action n’est possible. Pour certains plastiques, vous n’avez peut-être pas ou très peu de marge de manœuvre à court terme (ex : des engagements sont déjà pris auprès de vos fournisseurs). Avant de les écarter, vérifiez que vous n’avez vraiment aucun levier ! Par exemple, concernant les exigences du groupe auquel vous appartenez peut-être, avez-vous pensé à demander une dérogation ? Positionnez-vous comme pionnier, et demandez des dérogations : vous permettrez à votre groupe de faire évoluer ses pratiques et de démultiplier son impact !

LE CAS DE L’INTERCONTINENTAL MARSEILLE : l’obtention de dérogations

Faire disparaître les produits de salle de bain pour les mettre sur demande ? Cela leur semblait ambitieux, pertinent mais peu réaliste du fait des standards du groupe IHG. Une demande de dérogations et quelques semaines plus tard, cela est pourtant devenu effectif ! En effet, des dérogations définitives ou temporaires ont été accordées pour la mise sur demande i/des produits de salle de bain, ii/du lait et iii/du chocolat chaud (via le room service).

3 – Éliminer les PUU pour lesquels une action n’est pas prioritaire. Certains plastiques sont recyclables et effectivement recyclés. S’ils sont triés dans votre établissement et collectés, il s’agit de s’assurer qu’il existe bien une filière de recyclage pour ce plastique dans votre région. Si c’est le cas, ceux-ci ne sont donc pas prioritaires, vous pouvez les éliminer de votre sélection.

4 – Intégrer les PUU qui présentent les risques de fuite dans l’environnement les plus élevés. Vous pouvez vous poser ces deux questions :

  • Ce plastique a-t-il un « usage nomade », c’est-à-dire une forte probabilité de sortir de l’hôtel en fonction des pratiques connues ?
  • A-t-il un « risque avéré de fuite dans l’environnement » ? Cela correspond aux plastiques les plus retrouvés sur les plages, comme les plastiques détachables, de petite taille, légers, de faible valeur perçue et/ou utilisés en extérieur. Vous pouvez dès lors intégrer dans la liste de plastiques à traiter ceux qui répondent par l’affirmative à l’une ou l’autre de ces questions.

ZOOM SUR : les déchets les plus retrouvés sur les plages

Il est difficile d’établir une corrélation entre les déchets retrouvés sur les littoraux et les produits présents dans un établissement particulier. Cependant, les nettoyages de littoraux nous apprennent que le long de la façade méditerranéenne française, les mégots, les emballages alimentaires et les bouteilles sont les déchets les plus retrouvés sur les plages. L’association Surfrider publie chaque année un rapport sur le sujet ici.

5 – Intégrer les PUU consommés en plus grandes quantités. Pour maximiser l’impact, vous pouvez intégrer le top 10, 20 ou 30… des plastiques les plus consommés au sein de votre établissement – et écarter les autres.

2.3 Valider collectivement les plastiques à usage unique à cibler

A l’issue du processus de priorisation ci-dessus, soit le nombre de PUU à traiter vous convient, soit il est encore trop élevé. Dans le premier cas, cette étape permettra d’entériner les choix de façon collégiale, dans le second, elle permettra d’effectuer l’ultime sélection. C’est l’occasion d’associer le plus largement possible le personnel de l’hôtel. Les critères qui peuvent être examinés par le collectif sont les critères économiques, d’acceptabilité de la clientèle et de logistique ou d’organisation interne. Certains plastiques pourront alors être retirés ou ajoutés à la liste.

NOS CONSEILS

Nous avons souvent des idées préconçues sur ce que les clients pourraient ou non accepter. Laissez-vous l’opportunité de tester et d’accueillir l’avis de vos clients avant de trancher pour eux ! L’expérience à l’InterContinental Marseille – Hotel Dieu a montré que les changements opérés (pourtant perçus comme importants par le personnel et la direction de l’hôtel) sont passés inaperçus pour la clientèle (voir 6.3 Interpréter les résultats).
A la fin de la priorisation, il est nécessaire de vérifier la cohérence globale des produits et emballages sélectionnés afin d’être crédible auprès de la clientèle (ex : passer la brosse à dent et le dentifrice sur demande mais laisser les cotons et la lime à ongle à disposition pourrait décrédibiliser la démarche).